Notre homme prend alors en ligne de mire le conseil régional, où il a déjà effectué un stage d'été. Faisant preuve de trésors de diplomatie et de charme, l'étudiant assiège les secrétaires de trois vice-présidents emblématiques du PS dans le Nord - Pas-de-Calais : Daniel Percheron, Serge Janquin et Umberto Battist. « Il discutait tout le temps avec nous, nous apportait des roses et l'on sentait bien qu'il avait une fascination pour Daniel Percheron qu'il voulait à tout prix rencontrer », raconte l'une d'entre elles.
L'étudiant crève d'envie de se frotter aux réalités de la vie politique
L'homme se fait tellement insistant que l'élu liévinois finit par le recevoir. Ne pouvant lui fournir d'emploi, il l'aiguille alors vers un jeune et brillant maire qui vient d'être élu à Hénin-Beaumont. « Va voir Pierre Darchicourt de ma part ! », confie-t-il à l'apprenti Rastignac, qui ne se fait pas prier pour frapper à la porte de celui qui, à Hénin-Beaumont, a su mettre ses pas dans ceux du « monument » Jacques Piette et vient également d'être nommé vice-président à la Région.
La recommandation de Percheron fait mouche puisque le maire d'Hénin-Beaumont trouve illico presto un poste au jeune homme au sein d'une société d'économie mixte. Zélé et cherchant vite à se rendre indispensable, Gérard Dalongeville n'y fera pas de vieux os, se retrouvant rapidement propulsé au cabinet du maire, alors dirigé par l'efficace Anne de Coupigny.
Dès son arrivée au cabinet Darchicourt, l'enfant d'Ervillers commence à mettre au point la stratégie qui lui assurera un succès foudroyant. Déployant des tonnes d'empathie pour les uns, de petites attentions pour les autres, l'attaché de cabinet focalise toutes les attentions et tire dans l'ombre les ficelles d'un jeu cruel dont la directrice de cabinet de Pierre Darchicourt fera rapidement les frais.
La place est alors libre pour la première heure de gloire de Gérard Dalongeville, « dircab » fourbe et mielleux pour les uns, efficace et disponible pour les autres. Un personnage qui ne laisse guère indifférent mais révèle déjà les zones d'ombre qui feront du futur maire d'Hénin-Beaumont une personnalité sulfureuse. Avec un goût prononcé pour l'intrigue, le mensonge, la manipulation, tout cela enrobé dans une bonhomie, un indéniable savoir-faire relationnel et un constant sourire enjôleur.
On commence à le dire futur dauphin de Darchicourt lorsque, début 1999, tout bascule. Le maire passe une soufflante magistrale à son « dircab » qui a poussé le bouchon un peu trop loin en jonglant sans modération avec des bons de commande. Une irrégularité que le directeur général des services, ayant Dalongeville dans le collimateur, s'était empressé de dénoncer à Pierre Darchicourt.
Une nouvelle ville est en marche, promet son slogan. Mais à quel prix
Vexé d'avoir été pris la main dans la confiture, Dalongeville donne alors sa démission, espérant secrètement être rattrapé par le fond de la culotte. Il ne le sera pas. À compter de ce jour, il n'aura qu'une obsession : déloger Darchicourt de son fauteuil et devenir calife à la place du calife. Pour ce faire, tous les moyens seront bons, y compris la mise en connexion de tous les ennemis du maire d'Hénin-Beaumont. La rébellion de Dalongeville sera l'occasion rêvée pour le maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, et le futur président de Région, Daniel Percheron, de se débarrasser d'un Darchicourt véritable desperado refusant de se plier aux exigences de la fédération du PS, qui venait de briser l'occasion unique de créer une communauté urbaine réunissant Lens-Liévin et Hénin-Carvin.
Gérard Dalongeville se réfugie sous l'aile protectrice du puissant édile liévinois qui lui trouve un job au conseil supérieur de l'électricité et du gaz où il est missionné. Au contact du cacique, Gérard Dalongeville apprend mille et une ficelles... qu'il n'oubliera jamais.