Courrier envoyé au journal Le Monde
Madame, Monsieur,
Dans votre édition du jeudi 03 avril à la page 3, vous citez dans un article intitulé « Ces maires battus par la culture », le cas de Jacques Mellick, ancien maire de Béthune (62).
Faire allusion aux choix architecturaux de M. Mellick pour lesquels il convoqua de grands noms du domaine, pour voir dans la sanction des électeurs des critères prioritairement culturels est à mon humble avis, fort réducteur quant aux causes de l’échec du maire sortant et profondément injuste pour la culture.
Ce n’est ni la culture, qui au demeurant peut être polymorphe et se manifester de manière antagoniste selon les partis pris et les points de vue, ni une politique culturelle qui malgré un fort potentiel est demeurée singulièrement anorexique, n’osant pas porter son nom et s’auto congratulant dans le cercle réduit de ses « complicités électives », qui ont mis au tapis le seigneur local.
Les raisons principales de la liquidation du bilan et le procédé pour y parvenir sont à chercher ailleurs.
Citons d’abord, l’extravagance, la démesure et le coût prohibitif de projets municipaux qui ont conduit les Béthunois à stopper en plein vol les ambitions de M. Mellick.
Ensuite, il y a les mauvaises habitudes engendrant les mauvaises attitudes faites, d’excès d’autorité, de choix arrêtés sans transparence voire sans garanties juridiques et financières, de mises en œuvre « verrouillées » de ces choix avec les bonnes personnes placées sur les bons postes pour éviter toute contrariété, de confiscations de l’expression publique et par la même de la démocratie par des simulacres de concertations destinées à valider des opérations déjà engagées.
Enfin au lendemain du premier tour, il y a face à la liste de Jacques Mellick, la constitution d’un large front conduit par Stéphane Saint-André, dissident du PS dont au final la victoire a été sans état d’âme capitalisée par ce même P.S.
Tout cela, émulsionné par une volonté de changement, a provoqué la défaite de Jacques Mellick.
Si la culture, dont Béthune sera capitale régionale en 2010, portait en elle seule les ferments de la défaite, le « baron socialiste » comme vous l'appelez, aurait toutes les raisons d’attribuer son infortune aux mauvais conseils de celui qui fut son premier-adjoint chargé de... la culture.
Folie des grandeurs, ivresse du pouvoir, ego démesuré ne peuvent en aucun cas servir les intérêts des citoyens ni de leurs élus. Considérons que dans le cas présent, ces anomalies ont contribué à abréger ce qui aurait pu devenir une saga béthunoise.
Cordialement votre abonné,
Joël CARON, conseiller municipal Vert de Béthune.