Les ressources humaines par Amel G de Béthune.
La VdN d'aujourd'hui
Évincé, le directeur du service municipal de la jeunesse entame une grève de la faim
Le jeu de chaises musicales coutumier des alternances se grippe à Béthune. Évincé mardi en fin de matinée, Ben Amar Belhadri, directeur du service municipal de la jeunesse, a entamé hier une grève de la faim sur la Grand-Place.
« Stéphane Saint-André avait promis qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières. Dans les faits, c’est ce qui se passe », s’indignait hier un cadre territorial de 42 ans, aux mâchoires serrées, venant de planter sa tente devant le beffroi sur la porte vitrée duquel il a affiché un échange de courrier avec le maire. Une remplaçante, Armelle Boitel, a pris hier possession de son bureau. « C’est son adjointe Fabienne Arnaldos, colistière non élue du maire, qui m’a tendu le papier me signifiant mon éviction. Lamentable ! », enrage-t-il.
« J’ai proposé à Ben Amar Belhadri une mission au sein de mon cabinet. C’est une marque de confiance », se justifie Stéphane Saint-André. Invoquant une réorganisation du service, le maire affirme ne pas comprendre la réaction de ce collaborateur avec lequel il a eu un nouvel entretien hier matin et redoute une exploitation politique de cette affaire.
« Il s’agit d’une mission fantôme. Il me charge de mettre en place une nouvelle structure pour accueillir les plus de 18 ans dans le quartier de la gare, le Mont-Liébaut, la rue de Lille. C’est le travail de la mission locale », rétorque le directeur limogé. « Je suis décidé à aller jusqu’au bout. J’ai mon CV et mon expérience professionnelle pour moi », fait-il valoir, expliquant qu’après deux ans à la direction d’une maison de quartier de Clermont-Ferrand puis deux ans à la direction d’un centre socioculturel dans la région parisienne, il était arrivé le 15 février 2006 à la mairie de Béthune sans y connaître personne, et y avait été recruté par un jury pour ses compétences.
Un comité de soutien à ce cadre évincé s’est déjà constitué. Hier, François Queste puis Daniel Boys et Jean-Marc Pruvost sont venus lui témoigner leur sympathie.
« Stéphane Saint-André case ses amis, ses copains, ses copines », accuse François Queste en citant deux autres colistiers (Martine Caudron et Geoffrey Porquet) recrutés par la mairie, l’une comme chargée de mission à la maison des associations, l’autre pour restructurer le service du commerce.
« Quand Jacques Mellick est arrivé au pouvoir, il avait déplacé des agents pour mettre ses gens. Il est normal que Stéphane Saint-André agisse de même », se récrie-t-on dans l’entourage du nouveau pouvoir. Traversant les couloirs, le coup de vent provoqué par tous ces mouvements s’est toutefois échappé par les fenêtres de l’hôtel de ville. « À la mairie, on n’y comprend plus rien. Ceux qui étaient au grenier travaillent maintenant à la cave et ceux qui étaient à la cave sont au grenier », maugréait hier un responsable associatif ne trouvant plus ses interlocuteurs.
• CH. L.