Climat : les pays riches au pied du mur !
Paris, le 27 mai 2009 – La réunion de deux jours des 16 pays les plus gros émetteurs de CO2 regroupés dans le Forum des Économies Majeures s’est achevée hier à Paris. Attac et les Amis de la Terre regrettent que la timidité tant sur les questions financières que sur les objectifs de réduction des gaz à effets de serre, ainsi que la non remise en cause du marché des émissions, annulent toute lutte réelle contre les changements climatiques.
Les plus gros pays émetteurs de CO2 regroupés dans le Forum des Économies Majeures (FEM) se sont rencontrés à Paris les 25 et 26 mai 2009 en vue de préparer le sommet des Nations Unies à Copenhague, qui doit aboutir à un accord remplaçant le protocole de Kyoto après 2012. Le FEM regroupe seize pays, les pays du G8, les grands pays émergents – Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, Mexique – ainsi que la Corée du Sud, l’Australie et l’Indonésie. A eux seuls, ils sont actuellement responsables de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Lors de cette deuxième réunion, les États-Unis auraient porté leur engagement à une réduction de 6 % en 2020 par rapport à 1990. Or rappelle Sébastien Godinot des Amis de la Terre - France, « pour avoir 50 % de chances seulement de rester en deçà d’une élévation de 2°C de la température mondiale, et selon le GIEC et les récents résultats scientifiques, l’objectif doit être au minimum de réduire de 40 % par rapport à 1990 les émissions de gaz à effets de serre dans les pays riches d’ici 2020 ». L’UE elle-même en reste à un objectif de réduction de 20 % ou 30 % si un accord international a lieu. « Cet objectif, poursuit Sébastien Godinot, doit être domestique, c’est à dire atteint « à domicile », sans avoir recours à des réductions d’émissions faites à l’étranger qui dédouanent les pays riches de leurs responsabilités et sont de plus difficilement contrôlables. »
Tenues à huit-clos, les réunions du FEM font l’objet de négociations d’engagements de réductions hors de tout cadre démocratique. Or, « la reconnaissance des « contributions historiques », c’est à dire de la dette écologique des pays du Nord vis à vis des pays du Sud, suppose des politiques différenciées qui ne peuvent être négociées que dans le cadre des Nations Unies », rappelle Geneviève Azam d’Attac - France. Et de poursuivre, « cela suppose également des transferts financiers et technologiques très importants que les firmes transnationales, détentrices des brevets, tentent de freiner pour ne pas voir éroder leur position dominante sur le marché des nouvelles technologies environnementales. »
La proposition du Mexique d’« un fonds mondial vert » alimenté par des contributions versées par tous les pays du monde – sauf les plus pauvres – et calculées selon les émissions historiques de GES, les émissions actuelles et le PIB, aurait été acceptée. Des engagements conséquents sont nécessaires : en avril 2009, les pays africains faisaient savoir que ce fonds devait atteindre 267 milliards de dollars par an. Pour les Amis de la Terre et Attac, ce fonds qui vise à financer l’atténuation et l’adaptation dans les pays du Sud devra s’appuyer sur un financement public, obligatoire, régulier et géré dans le cadre de l’ONU. Ces questions de financement seront-elles mises à l’ordre du jour de la prochaine rencontre du FEM à Mexico les 22 et 23 juin ? Les Amis de la Terre et Attac le réclament. Sans décisions précises en ce domaine, tout objectif de réduction mondiale des émissions de GES sera vain et un accord à Copenhague risquerait d’être compromis.
http://www.france.attac.org/spip.php?article10015