Taxer les transactions financiers : oui, mais sérieusement !
Depuis plus de trente ans, l’idée de taxer les transactions financières était présente et Attac l’a portée pendant une décennie, mais il aura fallu attendre la crise que nous connaissons pour qu'enfin les gouvernements commencent à l’évoquer. Dans le désordre et l'instabilité sans nom des marchés financiers, cette taxation, connue sous le nom de "Taxe Tobin", cette taxation est une nécessité : parce qu’elle serait une affirmation du politique sur la sphère financière qui n'a eu de cesse de s'émanciper des choix collectifs et de subordonner l’économie productive ; parce que les marchés financiers sont régis par les comportements moutonniers, irrationnels et de courte vue d'opérateurs mus par l'intérêt exclusif du profit spéculatif immédiat ; et enfin parce qu'elle permettrait de dégager des ressources qui manquent cruellement aux populations les plus démunies.
Evidemment, les propositions faites par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et par le secrétaire d'État à la Coopération, Alain Joyandet, aussitôt désavoués par la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, sont insuffisantes : il ne sera pas suffisant que cette taxe soit établie sur "une base volontaire", car aucune taxe ne l'est jamais ; il ne sera pas suffisant de ne prévoir qu'une taxation rapportant au mieux "entre 30 et 60 milliards" de dollars lorsqu'il serait aisé d'en collecter beaucoup plus. Surtout, une taxe ne sera crédible que si les moyens de la contourner sont éradiqués : ainsi, il est indispensable de supprimer les paradis fiscaux, véritables trous noirs de la finance mondiale, par lesquels transite désormais la moitié des sommes échangées dans le monde. Or, les décisions récentes du G20 ne permettent pas l'optimisme, tant il apparaît qu'elles visent à éviter de s’y attaquer véritablement, puisque l'établissement même d'une « liste noire » n'est pas faite sérieusement, et qu'aucune mesure coercitive n’est envisagée.
ATTAC propose plus largement la mise en place d'un système de taxes globales qui ne se limiteraient pas à la seule taxation des mouvements financiers (mais aussi de la consommation d’énergie, des transports, des déchets et bien sûr des profits des multinationales), afin de dégager les ressources pour financer les biens publics mondiaux. Dans son rapport remis à la veille du dernier G20, Attac chiffre à 1500 milliards de dollars les ressources ainsi mobilisables chaque année par l'instauration de ces nouvelles taxes.
Il serait plus que souhaitable que les gouvernements n'attendent pas que le monde s'enfonce davantage dans la crise globale pour prendre la mesure de la nécessité d’agir.
Pour en savoir plus :
Le rapport d'Attac publié à l'occasion du dernier G20 : « De la fin des paradis fiscaux aux taxes globales », http://www.france.attac.org/spip.php?article9738.
Le livre d’Attac, Sortir de la crise globale, Vers un monde solidaire et écologique, La Découverte, 2009.
http://www.france.attac.org/spip.php?article10026
Attac France,
Montreuil, le 29 mai 2009