2ème EPR: L'énergie contre les citoyens
Changements climatiques, raréfaction des ressources, crise pétrolière, libéralisation des marchés de l'électricité et du gaz, la question des services énergétiques est au coeur de nos sociétés. Elle constitue
également un des enjeux majeurs du 21ème siècle.
Et si le sujet est aujourd’hui au coeur de l’actualité et de l’agenda
politique, il reste certains tabous qui échappent au débat public et
démocratique. C’est notamment le cas du nucléaire et plus
particulièrement du programme EPR, que le gouvernement est en train
d’avaliser en présentant au Parlement la programmation pluriannuelle
des investissements (PPI). Prise en dépit du bon sens et au mépris de
la démocratie, cette programmation n'est pas la réponse aux enjeux
graves auxquels nous devons faire face.
L'annonce de la construction d'un 2ème EPR à Penly, faite par Nicolas
Sarkozy le 30 janvier dernier, est un véritable déni de démocratie.
Aucun débat public, pas de consultation, censure dans le cadre du
grenelle de l’environnement, le parlement et le ministre de l’Energie
court-circuités. Le président de la République persiste à décider
seul, alors que l'énergie doit être une affaire de citoyens.
L'EPR ne répond pas aux besoins énergétiques de la France. Notre pays
est déjà en surproduction électrique et n'a pas besoin de nouvelles
centrales. Les nouveaux réacteurs EPR vont en fait augmenter les
exportations d'électricité, déjà très importantes. Le risque et les
déchets resteront quant à eux en France. En outre, l'EPR n'est qu'une
vitrine commerciale pour vendre des réacteurs à l'étranger.
Faire le choix d'un programme EPR, c'est tourner le dos aux exigences
actuelles de sobriété et d'efficacité énergétique et se mettre en
totale contradiction avec les engagements, pourtant bien insuffisants,
du Grenelle de l'environnement. Celui-ci prévoyait une baisse des
consommations énergétiques et le développement des énergies
renouvelables, tout en laissant de côté la question épineuse du
nucléaire. On voit aujourd'hui quelle voie le gouvernement a choisi...
Augmenter la production d'électricité nous enferme dans la logique qui
a prévalu jusqu'à présent : pas de maîtrise de l'énergie, les
renouvelables reléguées au second plan.
L'EPR n’est pas une solution pour lutter contre les changements
climatiques. Au niveau mondial, le nucléaire ne représente que 2 à 3%
de la consommation finale d'énergie. Selon l'Agence Internationale de
l'Energie (AIE), même en triplant le nombre de réacteurs d'ici 2050,
c'est-à-dire en construisant 30 réacteurs par an, on ne réduirait que
de 6% les émissions de gaz à effet de serre.
L'EPR ne répond pas à la crise économique. Il s'agit d'un projet
coûteux (4 à 5 milliards d'euros) qui dépasse largement les prévisions
initiales et qui ne tient pas compte du coût de la gestion des déchets
et du démantèlement. Les énergies renouvelables et la maîtrise de
l'énergie sont bien plus créatrices d'emplois et porteuses d'avenir.
Des études confiées à des cabinets indépendants ont montré qu'à
investissement équivalent, un programme éolien produirait deux fois
plus d'électricité et créerait près de 5 fois plus d'emplois stables.
Enfin, l'EPR ne répond pas aux problèmes du nucléaire: risque,
déchets, prolifération. Pire, il les aggrave ! En effet, les déchets
qui seront produits par l'EPR seront beaucoup plus dangereux que ceux
produits actuellement.
Pour toutes ces raisons, nous, associations, partis politiques et
syndicats nous prononçons, collectivement, contre le programme EPR et
demandons son arrêt immédiat, ainsi que l'organisation d'un réel débat
démocratique sur l'avenir de la filière nucléaire française.
Paris, le 12 juin 2009