"La Mise à mort au travail"
Ne pas manquer l'excellent documentaire de Jean-Robert Viallet en 2 volets, sur France 3
1ere partie ("la destruction-l'aliénation") Lundi 26 octobre à 20h35, suivi d'un débat ("Hors-série")
2eme partie ("la dépossession") Mercredi 28 octobre à 23h05.
Comment la course aux profits détruit inexorablement le monde du travail et ses salariés.
Au terme de deux ans et demi d'enquête, Jean-Robert Viallet dresse un tableau inquiétant des conditions de travail des employés français, qui travaillent pour trois quarts d'entre eux dans des entreprises de services. Deux notions constituent aujourd'hui le socle de la gestion des personnels : une croissance continue de la productivité et la satisfaction du client. Soumis à une tension constante et à la pression d'une hiérarchie préoccupée par la réalisation des objectifs, les salariés sont poussés à leurs limites. Jamais accidents de travail, souffrance physiques et psychologiques n'ont atteint un tel niveau.
CRITIQUE TELERAMA
A l'heure où, à France Télécom et ailleurs, des salariés mettent fin à leurs jours sur leur lieu de travail en expliquant pourquoi, rarement un documentaire aura appréhendé avec autant de rigueur, de pédagogie et d'intelligence critique la question du travail.
L'idée des auteurs - le producteur, Christophe Nick, et le réalisateur, Jean-Robert Viallet - n'était pas de faire un énième film sur la souffrance au travail, ni de stigmatiser des patrons voyous ou des salariés réfractaires à toute évolution, mais de montrer ces souffrances (c'est le premier volet) et d'en comprendre les causes (deuxième et troisième volets). Comment ? En analysant à travers le prisme de deux entreprises mondialisées (Carglass et Fenwick) la manière dont l'organisation du travail est surdéterminée par les deux contraintes macroéconomiques que sont l'actionnariat et la libre concurrence. En démontrant comment les logiques de rentabilité pulvérisent les liens sociaux et humains dans l'entreprise et sont en train de tuer le travail lui-même en le réduisant à sa seule composante économique.
De bout en bout, l'idée est tenue. Il a fallu deux ans et demi pour en arriver là. Des mois d'enquête et de tournage en équipe restreinte. Un montage au cordeau qui permet tout à la fois de mettre en dynamique des scènes apparemment banales, de jouer des ressorts de la dramaturgie avec quelques personnages et de distiller un discours de fond parfaitement argumenté. Il a fallu aussi beaucoup d'obstination car le monde de l'entreprise ne se laisse pas facilement approcher, ni filmer. Vous l'aurez compris, si vous devez regarder ce soir La Mise à mort du travail, c'est parce qu'il entre dans la catégorie des documentaires nécessaires à la compréhension du monde et de ceux qui légitiment l'existence d'un service audiovisuel public.